Faites jouer la concurrence pour votre assurance de pret
La libéralisation de lâassurance emprunteur entre en vigueur début 2010 : les banques ne pourront plus imposer leurs contrats aux emprunteurs
Si assurer son crédit immobilier nâest pas une obligation légale, nâespérez pas y couper ! Compte tenu des risques liés à la durée de lâemprunt, avec des remboursements sâétalant sur 20 ou 30 ans, tous les établissements bancaires subordonnent lâoctroi de crédit immobilier à une assurance de prêt.
Obnubilés par la négociation de leur taux de crédit, les futurs propriétaires ne prêtent généralement pas grande attention à lâassurance emprunteur. Et nombre dâentre eux acceptent sans sourciller celle proposée par la banque. Il faut dire que les organismes financiers ont largement mis à profit la possibilité qui leur était donnée par le code de la consommation dâimposer leurs contrats dâassurance de groupe (article L. 312-9). Mais cette pratique devrait bientôt cesser : la libéralisation de lâassurance emprunteur, qui doit entrer en vigueur cette année, devrait enfin vous permettre de choisir celle que vous voulez !
Quand passer par une délégation dâassurance ?
Si vous nâentrez pas dans le cadre de lâassurance groupe de la banque, car vous présentez des problèmes de santé, vous pouvez alors bénéficier de la convention Aeras (sâassurer et emprunter avec un risque aggravé de santé), qui vise à trouver une assurance adaptée à votre profil.
Si vous êtes bien portant, lâavantage à passer par une délégation assurance de pret sera avant tout économique, le taux dâassurance pret étant calculé au plus juste, selon votre âge, votre profession, vos activités sportives et votre état de santé. Vous bénéficiez donc dâune cotisation personnalisée correspondant à votre propre risque. La plupart du temps, la prime est appliquée sur le capital restant dû à chaque échéance selon le tableau dâamortissement du prêt.
Avec un contrat de groupe, les formalités sont simplifiées et la cotisation est quasi identique pour tous les assurés, les tarifs étant calculés en fonction de lââge moyen dâune catégorie. La prime annuelle est constante puisquâelle sâapplique pendant la durée du remboursement sur le montant du capital initialement emprunté. Passé 40/45 ans, ce mode de calcul devient souvent plus avantageux que le précédent, le contrat de groupe permettant une meilleure mutualisation des risques. Pour comparer les tarifs, connaître le montant des mensualités ne suffit pas, puisque certaines sont fixées et dâautres pas. Faute de pouvoir calculer soi-même lâimpact sur le TEG (voir comparatif), le plus simple est de regarder le coût total de lâassurance. Mais ne vous fiez pas quâaux critères financiers. La qualité de la couverture, son adéquation avec la durée du prêt et votre profil sont des données fondamentales. Lâassurance doit dâabord apporter une garantie à lâemprunteur et à ses proches, avant de lâapporter au banquier !
Quelles sont les garanties couvertes ?
Lâassurance de pret garantie plusieurs types de risques : le décès, la perte totale et irréversible dâautonomie (PTIA), lâincapacité temporaire de travail (ITT) et lâinvalidité permanente (IP)
- En cas de décès, lâassureur rembourse le capital restant dû à hauteur de la quotité assurée. Une surprime est en général mise en place pour les personnes plus âgées. Les cas dâexclusion sont nombreux : guerres, suicide (la première année du contrat), pratique de sports dits à risques (ULM, parapente, plongée sous-marine, course de voitures... Ils sont clairement rappelés dans les notices fournies par les assureurs.
- La perte totale et irréversible dâautonomie, autrement dit lâimpossibilité définitive de se livrer à toute activité procurant un gain ou un profit, associée à la nécessité dâêtre assisté en permanence dâune tierce personne pour les actes de la vie quotidienne, sera souvent garantie comme un décès : en cas de sinistre, lâassureur verse à la banque le capital restant dû à hauteur de la quotité assurée. Mais les contrats définissent un âge limite de prise en charge : 60 ans ou 70 ans selon les établissements. On retrouve les mêmes exclusions que celles de lâassurance décès, mais certains contrats en ajoutent dâautres, comme la consommation excessive de boissons alcoolisées, lâusage de stupéfiants, de substances médicamenteuses en dehors des limites de prescription médicale, le refus de se soignerâ¦
- Lâincapacité temporaire de travail et lâinvalidité permanente sont proposées plus ou moins systématiquement, parfois imposées. Ces garanties remboursent les mensualités tant que dure lâétat de lâassuré. Là encore, les conditions sont très variables dâun contrat à lâautre. Certains ne prendront en charge les échéances quâau-delà dâune franchise de plusieurs mois. Dâautres excluent les affections psychologiques (dépression, maladies nerveusesâ¦) ou dorsale (lombalgie, hernie discaleâ¦), ou les conditionnements à une durée dâhospitalisation.
- Lâinvalidité permanente, lâassurance se substitue à lâemprunteur et au co-emprunteur seulement au-delà dâun seuil dâincapacité : de nombreux contrats nâindemnisent quâà partir de 66% dâinvalidité (ce qui correspond à une impossibilité dâexercer une activité procurant un gain ou un profit), dâautres fixent ce seuil à 33%.
Une garantie « perte dâemploi » est-elle utile ?
Même si le marché de lâemploi est actuellement en berne, les options « perte dâemploi » sont souvent peu attractives. Des délais de carence sont prévus : le licenciement doit avoir lieu plusieurs mois (parfois jusquâà un an) après la souscription du contrat pour que la garantie puisse être mise en Åuvre. Une fois ce délai dâattente passé, lâassurance remboursera les échéances du prêt quâaprès un délai de franchise. Les trois premiers mois de chômage ne sont généralement pas indemnisés. Tous les cas de perte dâemploi ne sont pas couverts, comme le licenciement pour faute, la rupture conventionnelle du contrat de travail, la démission⦠Les assureurs imposent également une limite de durée dâindemnisation par période de chômage, allant de six à trente mois selon les contrats. Par ailleurs, pour pouvoir souscrire une telle option, il faut justifier dâun CDI et dâune certaine ancienneté chez un même employeur. Enfin, le coût de cette assurance est très élevé : la cotisation peut aller de10 ⬠à 50 ⬠par mois. En cas de perte dâemploi, il vaut donc mieux tenter de négocier avec son banquier une baisse de ses échéances, voire leur suspension pendant un certain temps. Si le banquier refuse, il est toutefois possible de saisir le juge pour obtenir des délais de paiement.
Pour quel niveau de couverture opter ?
Les banques demandent que le prêt soit intégralement couvert, selon une quotité à répartir sur les deux têtes en présence dâun couple. Si les revenus de monsieur représentent 60 % des ressources du ménage, le couple aura intérêt à choisir une répartition 60/40. En cas de décès de monsieur, la banque versera 60 % du capital restant dû au décès. Dâautres répartitions sont possibles, à la seule condition dâatteindre 100% au minimum : 80/20 %, 75/75 %, lâidéal étant une répartition 100 %...
Car en cas de perte totale et irréversible dâautonomie (P.T.I.A.) ou de décès, la situation financière du coemprunteur et de sa famille peut devenir difficile. Outre le remboursement des échéances du prêt, la famille devra continuer à faire face à ses frais quotidiens avec moins de ressources. En présence dâune invalidité, lâhabitation devra certainement être adaptée, ce qui induit de lourdes dépenses. En cas de décès de lâun des emprunteurs, une couverture à 100/100 % permet de rembourser le prêt intégralement et en une seule fois.
Si la prudence incite à opter pour une assurance à 100 % sur chaque tête, une couverture moins importante peut néanmoins être compensée si vous avez souscrit une garantie des accidents de la vie. En effet, dans une pareille éventualité, une rente ou un capital sera versé par lâassureur, à vous ou à vos bénéficiaires désignés.
Changer dâassurance de prêt ?
Changer dâassurance de pret en cours de prêt est possible. Mais cela ne peut se faire quâavec lâaccord de votre banquier et de votre assureur⦠Toutefois, dans le cadre des discussions du projet de loi portant réforme du crédit à la consommation, la possibilité de résilier annuellement les contrats groupe proposés par les banques a été évoquée. En attendant que le Parlement ne tranche, le plus sage demeure de bien choisir son assurance emprunteur dès le départâ¦
Source 60 millions de consommateurs
